Bocas Del Torro
On quitte Lilia pour prendre la route du Panama, direction Bocas del Torro.
Dès notre arrivée au Panama, on retrouve ce que j’ai perdu au Costa Rica : l’ambiance centrale américaine. On voyage dans de vieux bus américains, les magasins sont remplis de tout et de rien, il y a des petits stands de bouffe un peu partout : je sens qu’on va se plaire ici !
A Bocas, on est accueilli par une pluie battante. A part une petite ballade au bord de la plage, ce n’est pas aujourd’hui qu’on va pouvoir profiter pleinement de l’archipel (il y a 7 îles principales ici).
Le lendemain, on prend un taxi-boat pour l’île Bastimentos, une grande île avec plages, jungle dense, collines et mangroves.
La première plage est touristique, on se baigne dans les vagues, la couleur de l'eau est superbe, une petite pluie nous rince au sortir du bain : le pied !
On continue l'exploration de l'île. Plus on marche, moins il y a de monde. On observe des pêcheurs avant de s'arrêter sur le spot de snorkelling.
Après une bonne heure à découvrir les fonds marins, la pluie revient, cette fois-ci un peu plus forte. On se met à l'abri et on déguste notre déjeuner du jour : un délicieux ananas !
On repart à la découverte de l'île. On voit papillons, grenouilles, tortue. Le but de la ballade est de rejoindre Salt Creek au sud de l'île afin d'y prendre un taxi. Seulement les cartes dont on dispose ne sont pas très précises et on n'a pas trop de points de repère...
On essaie un premier chemin de traverse qui ne mène nul part. On continue de longer la côte sans apercevoir aucun village, pas plus de bateaux ou d'habitants...
A un moment, on trouve un panneau de délimitation du parc qui indiquant qu'il traverse l'île. Il est 14h30, on a 4h devant nous. On dispose de 2 litres d'eau, 4 barres de céréales, 1 rocher coco, de sandales, 1 couteau, 1 lampe frontale, de bons mollets et un moral d'acier : on s'enfonce dans la jungle.
Bibi a quitté depuis un bon moment ses tongs, pas vraiment idéales pour marcher dans la boue. Le sentier monte et descend tout le temps, on glisse tout ce qu'on peut sur ces collines boueuses.
Je pars devant à la recherche d'un point de vue qu'on ne trouvera pas. A chaque fois le spectacle est le même : des arbres, des collines, la jungle à perte de vue !
Mes sandales finissent par lâcher, je me retrouve à mon tour pieds nus. Arrivé à une zone de marécages, j'attends que Bibi me rejoigne. La traversée de cette zone est difficile, on s'aide de bouts de bois pour ne pas s'enfoncer jusqu'aux hanches...
Il se met à pleuvoir : GALERE !
Outre le fait de marcher pieds nus au milieu des grenouilles oranges (qui se revèleront innoffensives), dans l'attente de marcher sur un serpent venimeux (qui n'existe pas sur l'île, il n'y a que des boas), notre principal problème est de savoir combien de temps il nous faut pour traverser l'île. On sait qu'on est sur le bon chemin mais notre rythme est lent et ici la nuit tombe vite.
Il est maintenant trop tard pour faire demi-tour, on se motive à notre manière pour accélérer la cadence. Moi en imaginant la bonne bière qui m'attend à Bocas, Bibi en s'imaginant être le héros de Man vs Wild.
Le sentier est vraiment accidenté. Outre les marécages, la boue et les dénivellés, on doit traverser des ruisseaux, des arbres piquants tombés en plein milieu du sentier : aie aie aie !!! Bibi commence à parler de dormir dans la jungle, pour moi c'est clair je ne me vois pas dormir dans la jungle sous la pluie, en short et en tee-shirt ! En même temps marcher dans la jungle en pleine nuit n'est pas vraiment conseillé. Par moment on dévalle de sacrées pentes, en essayant de s'accrocher aux racines ou aux arbres pour ne pas glisser trop vite. Des arbres bouffés par les termites cèdent à notre passage : c'est sport !
On marche encore un bon moment, le temps passe et la nuit arrive bien vite. A un énième point de vue on ne voit toujours pas la mer mais la zone à l'air un peu plus dégagée. On est sur un espèce de pic, l'endroit idéal pour faire un refuge... Bibi commence à rammasser des feuilles de bananiers pendant que je part en reconnaissance pour voir ce qu'il y a en bas de la colline.
Après quelques minutes de marche ou plutôt de glisse très rapide, j'aperçois une zone défrichée et j'ai l'impression d'entendre des voix. Je siffle, j'appelle : une voix me répond et ça n'a pas l'air d'être Bibi ! Je continue le chemin pour m'en assurer avant d'arriver devant une maison en bambou : cool on va pouvoir dormir à l'abri !
La maison est habitée par un couple d'indiens Ngobe. Je parle un peu avec eux avant d'aller chercher Bibi. Ca y est, il fait nuit, il s'en est fallut de peu...
Juan, l'indien nous offre le premier café de notre vie, pas très fort et bien sucré : je me suis dit direct que j'allais mal dormir !
La maison de Juan est toute simple : un coin cuisine et une chambre en mezzanine. Il nous prépare un lit avec des planches de bois, des bambous et une bâche. Bibi est le premier à se coucher, moi je reste prêt du feu pour sécher un peu mes vêtements trempés.
La nuit est longue, humide et fraiche : on ne dort pas beaucoup.
Le matin, notre sauveur révèle sa vraie nature. Il nous dit qu'il n'a pas de bateau alors que la veille, il en avait un. Il nous propose les services de son père qui possède un bateau, pour 20$ chacun. On refuse gentillement. Il nous dit également que revenir à pied avec des épines dans les pieds peut être dangereux. Le temps de marche passe de 20 minutes à 2-3 heures. Bref, ca sent l'embrouille !
Je fixe un prix maximum pour le trajet retour : ses yeux s'illumine, ca devient bon...
Finalement, après le petit déjeuner, un autre indien vient nous chercher en bateau et on peut enfin rentrer à Bocas : douche et sieste en perspective !
Le bilan de l'aventure n'est pas si mal. Le côté négatif c'est qu'on a les pieds coupés de partout et des piqures bizarres sur les mollets. Le bon côté c'est qu'on a, tous les deux, atteint nos objectifs de voyage : des aventures de dingues dans la jungle avec son pote Rico pour Bibi, et pour moi, enfin dormir chez l'habitant !